Dans les coulisses d’un projet graphique engagé : le hors-série “Essenti’elles”

Olga
Dec 2025
10 minutes

Quand Le Journal de l’Aviation m’a proposé de prendre en charge la direction artistique de leur hors-série sur les Femmes de l’Aéro et du Spatial, j’ai tout de suite dit oui. Le sujet me parlait, l’équipe était ultra engagée, et j’ai senti qu’il y avait une carte blanche créative… avec de vrais enjeux derrière.

J’ai géré l’ensemble de la DA et du maquettage, du moodboard initial à l’envoi en impression, pour créer un magazine élégant, engagé et pensé comme un bel objet. Un support qu’on a envie de garder, de feuilleter, de transmettre.

Dans cet article, j’avais envie de vous raconter un peu les coulisses : ce que ce projet m’a apporté, comment je l’ai construit, et pourquoi j’y ai mis autant de cœur.

Essenti'elles - Magazine Hors Série

Pourquoi ce projet m’a tout de suite parlé ?

Dès les premiers échanges, j’ai senti que ce hors-série n’allait pas être un projet “comme les autres”. Il y avait du fond, un vrai engagement, et surtout une volonté de raconter autrement le parcours de femmes incroyables.

Des convictions qui me portent depuis longtemps

Mettre en lumière des femmes qui évoluent dans des secteurs techniques, où elles restent encore trop peu visibles, ça me parle profondément. J’ai grandi avec une mère indépendante, courageuse, qui m’a appris à avancer sans me limiter. Alors forcément, travailler sur un magazine qui valorise des talents féminins de l’aéro et du spatial… c’était un sujet qui faisait écho.

J’aime aussi l’idée de dépoussiérer l’image de ces secteurs. D’y apporter une touche plus moderne, plus sensible, presque mode parfois, tout en gardant la rigueur propre à un lectorat institutionnel. C’est exactement le genre de défi créatif qui me stimule.

Ce que j’ai tout de suite aimé dans ce projet :

  • Une thématique forte, engagée, profondément humaine
  • La possibilité d’apporter un regard neuf sur des secteurs techniques
  • L’équilibre à trouver entre exigence graphique et narration inspirante
  • Le lien naturel avec mon podcast Sud au Féminin et mes engagements personnels

Bref : ce hors-série cochait absolument tout ce que j’aime dans mon métier : du sens, de la création, et une vraie envie de faire bouger les lignes.

Comment j’ai été sollicitée pour cette mission ?

Tout a commencé à la fin de l’été. Un appel du Journal de l’Aviation, un rendez-vous à Paris, une discussion autour d’un projet un peu particulier… Ce n’était pas juste un “numéro spécial” à sortir, mais une vraie prise de parole collective, un objet éditorial qui devait avoir du fond, de la forme, et une belle résonance.

Un magazine pensé comme un objet précieux

Le projet en question, c’était le tout premier Prix Femmes de l’Aéro et du Spatial, organisé par le GIFAS et le Journal de l’Aviation. Un événement inédit pensé pour valoriser des trajectoires féminines dans des secteurs encore trop masculins.

De ce prix est né un hors-série, un support éditorial à part entière, qui a vocation à exister de manière indépendante dans le temps, avec pour ambition de prolonger cette mise en lumière au-delà de la cérémonie : « Essenti’elles ».

Dès les premières discussions, le ton était donné : il fallait créer un support qui ait de l’impact, de l’élégance et du sens. Quelque chose que l’on aurait envie de garder, de montrer, de faire circuler. Et c’est exactement ce genre de défi que j’adore relever.

J’ai donc été chargée de l’ensemble de la direction artistique, du concept visuel jusqu’à la mise en page complète du magazine, en lien avec Julie Turcat, qui a coordonné l’opération avec beaucoup de bienveillance et d’efficacité.

Interview d'acteurs de l'aéro et du spatial - IPECA

De quoi parle ce magazine ?

Créer l’univers graphique de ce magazine, c’était tout sauf anodin. Il fallait trouver le bon équilibre : respecter les codes d’un support institutionnel, tout en apportant une vraie fraîcheur, une touche de modernité, presque éditoriale au sens “mode” du terme. L’idée, c’était de casser un peu l’image classique qu’on peut avoir de ces secteurs très techniques, en proposant quelque chose d’élégant, d’aéré… mais jamais creux.

J’ai donc commencé par construire un moodboard visuel solide, avec des inspirations issues de l’univers de la presse féminine haut de gamme, des lignes épurées, une mise en page qui respire, un jeu de typographies lisibles et contrastées. Le but : que chaque page donne envie d’être lue, mais aussi regardée.

Un design graphique pensé pour porter une conviction

Au-delà du style, il y avait un vrai message à faire passer. La direction artistique devait soutenir le fond, pas juste faire joli. On parle ici de femmes qui s’imposent dans des milieux encore très masculins, qui innovent, qui pilotent, qui dirigent des équipes. Je voulais que le graphisme leur rende justice, qu’il accompagne leurs histoires sans jamais les étouffer.

Les choix de couleurs, la hiérarchie visuelle, les respirations typographiques… tout a été pensé pour refléter cette volonté : créer un magazine qui soit à la fois inspirant et crédible, à la hauteur des parcours racontés.

Et franchement, voir les premières pages imprimées, avec ce mélange de puissance et de douceur, ça été un vrai plaisir !

Un projet soutenu par de nombreux partenaires engagés

Ce hors-série n’est pas seulement une création graphique. Il s’inscrit dans une initiative plus large, portée par des acteurs majeurs du secteur aéronautique, spatial et de l’égalité professionnelle.

On y retrouve des entreprises, institutions et associations engagées autour de thématiques fortes : égalité femmes-hommes, mixité, inclusion, innovation, leadership féminin, ou encore transmission des savoirs.

Cette diversité d’acteurs a nourri la richesse éditoriale du magazine, et a renforcé l’importance d’une direction artistique claire, lisible et inspirante, capable de porter un message collectif sans perdre en identité.

Parmi les partenaires présents dans le hors-série :

Forvis Mazars, IPECA, Lancel, Randstad, Aérométiers, Féminisons, Elles Bougent, WIA, Audio Pictura, FNAM, et bien d’autres.

Leur présence éditoriale dans le magazine a été pensée avec soin : interviews, citations, portraits croisés… Tout a été mis en œuvre pour mettre en valeur les engagements de chacun, dans une cohérence visuelle forte, au service du message.

Article de l'Aéro-Club de France

Le Prix Femmes de l’Aéro et du Spatial : un nouveau souffle pour la mixité

Avant même de commencer à créer l’identité graphique du hors-série “Essenti’elles”, j’ai pris le temps de bien comprendre la portée de ce projet. Ce n’était pas juste un magazine de plus à maquetter : c’était l’écho d’un prix tout nouveau, qui cherchait à faire émerger des voix jusque-là trop peu entendues dans la filière.

Lancé en 2025 par le GIFAS (Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales), en partenariat avec Le Journal de l’Aviation, le Prix Femmes de l’Aéro et du Spatial vise à mettre en lumière les talents féminins qui œuvrent, souvent dans l’ombre, au sein de cette industrie.

L’objectif est clair : valoriser des parcours inspirants, encourager la mixité dans les métiers techniques, et faire bouger les lignes d’un secteur encore très masculin.

Ce prix, ouvert à toutes les femmes majeures travaillant dans l’aéronautique, le spatial ou les secteurs connexes, a été pensé comme une prise de parole forte, structurée autour de huit grandes catégories :

  • Management
  • Innovation & recherche
  • Métiers techniques et terrain
  • Jeune talent
  • Initiative sociale ou environnementale
  • Transmission & pédagogie
  • Carrière
  • Et un Grand Prix « Femme de l’année »

Derrière ces distinctions, il y a une conviction : plus on rend visibles les rôles modèles, plus on inspire les nouvelles générations.

Les coulisses du maquettage : un projet mené tambour battant

Autant le dire tout de suite : ce hors-série n’a pas été un long fleuve tranquille. Les délais étaient ultra serrés, l’enjeu fort, et la pression bien réelle. Mais c’est aussi ce qui a rendu l’expérience aussi intense que stimulante.

Tout a commencé fin août, par une rencontre avec l’équipe du Journal de l’Aviation. On a beaucoup échangé, posé les bases, partagé nos visions. L’objectif était clair : créer un magazine à forte valeur ajoutée, à la fois beau, percutant et lisible, qui pourrait être fièrement présenté lors de la cérémonie du Prix.

Après validation du moodboard et de la note d’intention, je me suis plongée dans la création du gabarit InDesign : grille, styles typographiques, blocs, rythme de lecture… Tout a été pensé pour permettre une mise en page fluide, adaptable, avec une vraie cohérence de bout en bout.

Tribune Armée de l'Air et de l'Espace

Un marathon créatif entre échanges, aller-retours et impressions :

  • Premiers jets, visio pour valider les premières pages
  • Allers-retours réguliers et ajustements rapides
  • Échanges quotidiens par mail et WhatsApp
  • Anticipation des contraintes liées au dos carré-collé
  • Préparation minutieuse des fichiers pour l’impression

Il a aussi fallu gérer les contraintes techniques de l’impression : on tenait absolument à un dos carré-collé, pour un rendu qualitatif, mais ça impliquait un séchage plus long… donc encore moins de marge de manœuvre. Spoiler : on a tenu le timing !

Ce projet m’a demandé un investissement total, y compris sur les deux dernières semaines où j’ai bossé non-stop pour tout finaliser dans les temps. Mais voir le magazine imprimé, entre mes mains, avec chaque page soigneusement pensée, ça valait largement les nuits courtes.

Où retrouver ce hors-série ?

Si vous avez envie de découvrir le magazine en vrai (et je vous y encourage, parce qu’il est encore plus beau imprimé 😍), il est possible de le feuilleter lors de certains événements ou de le commander directement auprès du Journal de l’Aviation.

Une collaboration humaine et fluide avec les équipes

Ce projet, je ne l’ai pas mené seule. Il s’est construit dans un dialogue constant, avec une vraie relation de confiance. Et ça, ça change tout.

Dès le début, j’ai travaillé main dans la main avec Julie Turcat, qui a coordonné l’ensemble du hors-série côté Journal de l’Aviation. On a rapidement trouvé un mode de fonctionnement naturel : échanges fluides, réactivité, bienveillance… Et beaucoup de professionnalisme de leur part.

On a aussi beaucoup communiqué avec les autres membres de l’équipe, notamment sur les relectures, les derniers ajustements, les choix d’impression. On avançait quasiment en temps réel, notamment via WhatsApp. Cette réactivité nous a permis de garder un bon rythme, sans sacrifier la qualité.

Quand le fond et la forme avancent ensemble

Ce que j’ai aimé dans cette collaboration, c’est qu’on partageait la même envie : faire les choses bien. Pas juste “livrer un magazine à temps”, mais créer un bel objet, utile et porteur de sens.

Il y avait beaucoup de respect mutuel, une vraie confiance dans mes choix graphiques, et de leur côté, une volonté sincère de valoriser les contenus sans compromis.

Et même si les deux dernières semaines ont été intenses (j’ai littéralement enchaîné sans pause pour finaliser), ça s’est fait dans une dynamique collective hyper motivante. Je garde un super souvenir de cette aventure, qui a d’ailleurs ouvert la voie à d’autres projets avec le groupe Aerocontact.

Ce que cette expérience m’a appris et m’a apporté

Il y a des projets qui vous marquent, même après coup. Celui-ci en fait clairement partie. En tant que directrice artistique, ce hors-série m’a permis de pousser mes compétences à un autre niveau. Et en tant que femme, il m’a touchée bien plus que je ne l’aurais imaginé au départ.

J’ai pris un plaisir fou à revisiter les codes des magazines de mode pour les adapter à un sujet institutionnel. Ce jeu d’équilibre entre esthétique, rigueur et sens m’a vraiment stimulée. J’ai adoré cette liberté créative, cette possibilité de proposer autre chose que les codes classiques du secteur.

Article Musée de l'Air et de l'Espace

Un projet qui donne envie d’aller plus loin

Ce magazine m’a aussi ouvert des envies très concrètes pour la suite. J’ai envie de continuer à explorer ce format, à créer d’autres supports imprimés à fort impact. Ce que je retiens :

  • La force d’un support imprimé quand il est bien pensé
  • Le plaisir de manipuler un objet fini, tangible, concret
  • Le potentiel du graphisme pour servir des causes fortes
  • Et surtout, l’envie de raconter des histoires à travers l’image

Et puis il y a ce moment un peu magique : tenir le magazine entre ses mains. C’est difficile à décrire, mais c’est comme voir des semaines de travail prendre forme, enfin. Et savoir qu’il va vivre, être lu, conservé, partagé, c’est vraiment gratifiant.

Au fond, ce projet m’a surtout confortée dans une chose : mon métier peut faire passer des messages essentiels, avec subtilité et impact. J’espère que ma direction artistique a contribué à valoriser ces parcours inspirants, et à faire bouger les lignes, même un tout petit peu.

Une vision qui dépasse ce projet

Ce hors-série a été un vrai tournant. Il m’a permis de mêler ce que j’aime le plus : l’éditorial, le design, et les projets porteurs de sens. Mais au-delà de cette réalisation en particulier, il s’inscrit dans une vision plus large de ce que je veux continuer à construire à travers mon métier.

L’impact de la direction artistique dans l’éditorial

Aujourd’hui, je suis convaincue que la direction artistique éditoriale a un rôle clé à jouer. Elle permet non seulement de structurer une information, mais aussi de la rendre vivante, lisible, mémorable. Travailler sur un magazine, c’est bien plus que poser du texte sur une grille : c’est raconter une histoire, créer un rythme, donner une personnalité à un propos.

J’ai envie de continuer à accompagner des structures qui ont des choses fortes à dire, des sujets à faire émerger, et qui comprennent l’impact qu’une identité graphique bien pensée peut avoir sur leur visibilité, leur crédibilité, leur puissance de diffusion.

Et si on veut toucher les gens, il ne suffit pas d’informer. Il faut aussi faire ressentir.

C’est cette conviction qui me pousse à aller toujours plus loin dans mes projets. Que ce soit pour un magazine, un podcast, un site ou une marque : je crois à la force du fond autant qu’à la forme.

Et maintenant ? Continuer à faire rayonner les messages par le design

Ce projet m’a clairement donné envie de poursuivre dans cette voie : celle d’un design éditorial engagé, qui ne se contente pas d’être esthétique, mais qui porte un message, un combat, une cause.

J’aimerais continuer à travailler sur ce type de formats, à la croisée du print de qualité et de l’éditorial de fond. Des supports pensés pour durer, être conservés, relus, partagés. Des objets que l’on garde parce qu’ils disent quelque chose d’important, de beau et de vrai.

Ce que je retiens pour la suite :

  • L’importance de la confiance mutuelle dans une collaboration réussie.
  • Le plaisir immense de travailler un sujet en profondeur, avec du sens.
  • La satisfaction de voir un support imprimé aboutir, avec tout ce qu’il implique comme rigueur, finesse et passion.

J’ai aussi envie de creuser encore davantage ce que peut être une direction artistique éditoriale sensible, qui laisse une empreinte émotionnelle autant que visuelle.

Pourquoi le design éditorial est un levier puissant pour porter un message ?

On pourrait croire que le design éditorial, c’est “juste” une question d’esthétique. Mais pour moi, c’est bien plus que ça. C’est un outil stratégique, un vrai levier d'amplification du message.

Quand une mise en page est bien pensée, elle ne se contente pas d’embellir. Elle guide, elle structure, elle souligne ce qui compte. Elle rend la lecture plus fluide, plus intuitive. Elle donne envie de s’immerger dans un sujet, d’aller au bout d’un article. Et ça, dans un monde où l’attention est une ressource rare, c’est précieux.

Ce projet m’a permis de pousser encore plus loin cette conviction :

  • La typographie exprime une tonalité, un caractère.
  • Les blancs laissent respirer les idées.
  • Le rythme des pages installe une narration visuelle.
  • Et chaque choix graphique devient porteur de sens.

Dans le cas de ce hors-série, le design éditorial a permis de soutenir un message engagé : mettre en lumière des femmes brillantes dans un secteur encore très masculin. Mon rôle, c’était d’aider ces témoignages à résonner plus fort. Et c’est exactement ce que j’aime dans mon métier.

Le petit détail qui change tout : la Typographie

Parmi tous les éléments de design, il y en a un que j’ai adoré travailler : la typographie. On n’y pense pas toujours, mais c’est elle qui donne le ton d’un magazine. Trop rigide, ça devient froid. Trop décorative, ça brouille le message.

Ici, j’ai choisi une typo élégante mais affirmée (Lora), capable de porter des récits puissants tout en restant lisible et actuelle. Ce choix, je l’ai affiné au fil des pages, jusqu’à trouver le bon équilibre entre sobriété et caractère.

Comme souvent, ce sont les détails qui font la différence. Une chasse bien réglée, des interlignages aérés, des titres qui respirent… Ça peut sembler invisible pour beaucoup, mais c’est ce qui rend la lecture fluide, agréable, et donne ce petit supplément d’âme au magazine.

Et si on imaginait ensemble votre prochain projet éditorial ?

Chaque projet est une rencontre. Une vision à traduire, un message à faire passer, une histoire à sublimer.

Chez Avenue Jolia, on ne fait pas que poser des couleurs et des typographies. On pense chaque support comme un levier de transformation, qu’il s’agisse d’un magazine, d’un rapport d’activité ou d’un manifeste de marque.

Si vous avez un projet éditorial en tête, ou simplement une envie qui germe, n’hésitez pas à nous en parler. On serait ravis d’y réfléchir avec vous, autour d’un brief, d’un moodboard, ou même d’un café.

Pour conclure

Ce projet restera comme une expérience marquante, aussi bien sur le plan humain que professionnel. Il m’a permis de créer un objet éditorial qui me ressemble : exigeant, sensible, engagé. J’ai adoré mêler mon amour du design à un message de fond fort, avec une équipe passionnée et bienveillante.

Mais surtout, j’espère que ce hors-série continuera de vivre, d’être lu, partagé, conservé. Parce que mettre en lumière les femmes de l’aéro et du spatial, ce n’est pas juste une mission graphique, c’est une conviction. Et si, par mon travail, j’ai pu contribuer à amplifier cette voix… alors c’est tout ce qui compte.

Merci à celles et ceux qui m’ont fait confiance. Et à vous qui me lisez, si ce projet vous inspire : écrivons la suite ensemble.

  • Olga de Avenue Jolia
Olga